Philomatique ou Philomathique

 

Philomathique ou philomatique ??

Faut-il écrire philomathique avec deux ‘h’, ou philomatique avec un seul ‘h’ ?

La question mérite d’être régulièrement re-posée.

Après tout, on écrit bien mathématique, avec un seul ‘h’, et pas mathémathique...

Alors, pourquoi philomathique avec deux ‘h’ ?  Pour faire chhic ?

À certaines époques, on trouvait philomatique, avec un seul ‘h’.

La réponse, argumentée, se trouve dans une plutôt longue note (de bas de page) d’un papier sur la nature combinée ou simple du titane, papier publié en août 1862 par le chimiste naturaliste François-Vincent Raspail (1794-1878), que l’on peut trouver dans ses Nouvelles études scientifiques et philologiques de 1861-1864.

La réponse est que le ‘math’ de Philo-math-ique vient de ‘math’ de mathéma-tique.

Le philomathe est celui qui aime la connaissance, l’étude, la máthēma (μάθημα).

Si on écrivait philomatique, la décomposition du mot serait philoma-tique, comme mathéma‑tique, où la partie ‘philoma’ signifierait ‘embrassements’, suivie, comme pour le mot mathéma‑tique de ‘ique’ qui n’est qu’une désinance adjective, avec l’ajoût d’un ‘t’ intermédiaire pour simple raison euphonique qui garantit aussi la stabilité phonétique de mathématique, sinon la prononciation de ‘mathémaique’ aurait vite dérivé au dépend du mathema. La plupart des ‘tique’ finaux ont ce rôle, comme le ‘tique’ de phonétique, ce n’est pas simplement un tic de langage ou d’écriture.

Cette explication vous paraît-elle un rien jésuitique ? Sachez que François-Vincent Raspail était parfaitement anti-jésuite et qu’il attribue l’écriture fautive philomatique avec un seul ‘h’ aux vilains jésuites. François-Vincent a des côtés sympathiques et des côtés irritants. Il était cultivé. Je dirais que son raisonnement en faveur de philomathique avec deux ‘h’ est digne d’un bon jésuite.

Olivier Hardouin Duparc